SING ME A SONG

 

Documentaire/Une réflexion touchante sur l'impact de la modernité sur un fond de belles images

Réalisé par Thomas Balmès

Long-métrage Français/ Suisse 
Durée : 01h35mn
Année de production : 2019
Distributeur : Nour Films 

Date de sortie sur nos écrans : 23 septembre 2020


Résumé : le jeune Peyangki vit et étudie dans un monastère traditionnel au Bhoutan. Au pays du bonheur, l’arrivée récente d’internet entraîne d’importants bouleversements. Les rituels quotidiens des moines entrent en concurrence frontale avec la nouvelle addiction aux smartphones. Peyangki se passionne pour les chansons d’amour et tombe amoureux sur WeChat d’une jeune chanteuse.

Succombera-t-il à la romance et aux tentations de la ville ou restera-t-il au monastère ? 

Bande-annonce (VOSTFR)

Film Annonce SING ME A SONG de Thomas Balmès - au cinéma le 23 septembre from Nour Films on Vimeo.

Ce que j'en ai pensé : avec ce documentaire, le réalisateur Thomas Balmès retrouve le jeune Peyangki, 10 ans après HAPPINESS dans lequel il filmait son enfance. Ne pas avoir vu HAPPINESS n'est absolument pas gênant pour découvrir SING ME A SONG puisque le réalisateur ajoute quelques extraits de son premier film pour introduire le contexte du second. Plusieurs éléments sont marquants dans ce nouveau long-métrage. La beauté des images tout d'abord, qui nous font voyager au Bouthan. Le réalisateur utilise les lumières à sa disposition pour développer son propos, depuis la luminosité naturelle venant de magnifiques paysages jusqu'à celle intimiste des bougies ou agressive des écrans de jeux vidéos. 




Ensuite, on est surpris par sa façon de raconter une histoire comme si l'on suivait un film. Il casse les codes du documentaire classique brouillant parfois nos sensations qui nous guident vers l'impression de regarder une fiction. Enfin, l'opposition entre traditions ancestrales et modernité brute est une source constante d'étonnement qui nous laisse un sentiment contrasté entre sourire et inquiétude de voir ces enfants, vivant dans un contexte relativement protégé, obnubilés par des écrans avec un accès à des informations sans filtres. 


Le réalisateur nous conte de nombreux sujets par le biais du déroulement des événements qui viennent ponctuer la vie de ce jeune moine qui, comme tous les adolescents, doit faire un choix entre suivre ses envies de garçon ou prendre le chemin contraignant de l'étude et de l'apprentissage pour bâtir un avenir. Et quand en plus, l'amour vient se mêler à tout cela...


Copyright photos @ Nour Films

Thomas Balmès insuffle une belle intensité à cette aventure humaine faite d'espoir et de désillusions. Il y a peu de dialogues, ce sont les images parfois accompagnées de l’entêtante musique de Nicolas Rabaeus qui nous guident. Malgré les différences culturelles, l'universalité nous frappe en plein cÅ“ur. On ressent les joies, les doutes et les peines qui égrènent non pas un, mais plusieurs parcours qui se rencontrent au hasard de la vie. SING ME A SONG est une très jolie parenthèse sincère et loin d'être naïve qui pousse à la réflexion.

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

ENTRETIEN AVEC THOMAS BALMÈS 

Il y a quelques années, vous aviez déjà évoqué l’impact des nouvelles technologies sur la population bhoutanaise dans Happiness, que l’on serait presque tenté de voir comme un avant-propos de Sing Me a Song… 

Oui, ce désir de travailler sur l’impact des écrans dans nos sociétés date d’il y a une quinzaine d’années. Il correspond à la naissance de mon premier enfant, et à l’arrivée des premiers smartphones. 

Après avoir hésité à faire un film aux Etats-Unis, où la consommation d’écran est massive, j’ai finalement trouvé plus intéressant de m’immerger dans une communauté où les écrans étaient encore absents et de suivre les effets de leur arrivée. Mon choix s’est alors porté sur le Bhoutan. Jusqu’en 1998, le Roi avait interdit la télévision et internet, et il y avait, à l’époque, des villages qui vivaient sans électricité, et qui attendaient avec impatience son arrivée. C’est d’ailleurs ce que l’on découvre dans mon précédent film Happiness : l’arrivée de la route jusqu’au monastère puis la découverte de la télévision. 

J’ai d’abord fait le tour du pays et j’ai découvert ce village, Laya, à 4000 mètres d’altitude, et à trois jours de marche de la première route. Un village sans électricité, ni aucun lien avec le reste du monde. J’y ai rencontré un enfant avec une énergie particulière qui courait partout. C’était Peyangki. Lors de mes premiers entretiens avec lui, que j’ai filmés, il m’a fait penser à Jean-Pierre Léaud dans le casting de Truffaut pour Les quatre cents coups. Un mélange de grande gaieté et de grande tristesse. Nous avons tissé une relation de confiance. Il était un des seuls habitants à n’avoir jamais quitté le village. L’idée de pouvoir assister à ses premières confrontations avec cette modernité et de les filmer est la raison première de mon désir de faire ce film. 

Avec Sing Me a Song, on assiste donc à vos retrouvailles avec Peyangki. Comment a évolué votre relation depuis le premier film ? 

Les Bhoutanais ne sont pas très démonstratifs. Avec Peyangki, il n’y a d’ailleurs pas eu d’effusions. En revanche il y avait une vraie confiance de sa part dans mon projet et dans notre relation. Ce qui nous a permis de faire ce film dans une sincérité réciproque. Il a su faire abstraction de ma présence, ce qui n’aurait pas été le cas si nous n’avions pas déjà passé trois ans ensemble, au moment de Happiness. 

Le tournage s’est fait par fragments. Il y a eu cinq ou six tournages de trois semaines chacun en l’espace de trois ans. 

Comme dans Happiness, vous montrez la manière dont fonctionnent les monastères bouddhistes. On est très loin de leurs équivalents du monde occidental… 

C’est plutôt Françoise Pommaret, la grande ethnologue spécialiste du Bhoutan, qui pourrait vous renseigner. Moi, je n’ai pas fait ce film pour « montrer » le fonctionnement des monastères bouddhistes. Ce qui m’intéresse, c’est la confrontation entre la technologie la plus moderne et un des lieux les plus épargnés sur terre. 

Y a-t-il eu des contraintes spécifiques à filmer dans certains lieux et notamment ces monastères que l’on pourrait dire du « bout du monde » ? 

Le Bhoutan est un pays difficile d’accès. Il n’y a pas de vol direct et c’est cher. Y faire du tourisme est hors de prix, ce qui est une manière de sélectionner les touristes. Lorsque j’ai tourné Happiness, il fallait une journée de voiture puis deux jours de marche pour atteindre le monastère. Pour Sing Me a Song, douze heures de voiture suffisaient pour atteindre directement le monastère depuis la capitale. Ce qui est déjà une différence significative entre les deux films, la preuve tangible d’un changement d’époque. 

Tourner dans les monastères est très réglementé. Nous avons eu de la chance ! Pendant toute la durée de tournage, le monastère principal était en travaux. Tous les moines vivaient dans des annexes provisoires, au-dessus de la forteresse que l’on voit au début du film et qui, elle, n’est pas considérée comme sacrée. On pouvait donc y filmer sans autorisation particulière. 

En ce qui concerne les tournages, le Bhoutan a bien entendu ses propres règles (envoi du scénario au préalable, nécessité de montrer le montage final par exemple), mais j’ai eu la chance qu’on me laisse une certaine liberté. 

La fin de Happiness montrait, de manière assez critique, l’irruption de la télévision dans le quotidien des familles au Bhoutan. Avec Sing Me a Song, on voit que le pays subit une mutation encore plus profonde en raison de l’essor du téléphone portable. Il y a cette idée que la population est véritablement aliénée par ces outils 2.0… 

La problématique de l’addiction aux écrans est universelle. Ce qui est intéressant avec le cas du Bhoutan, c’est qu’en quelques années, de l’absence totale de liens avec le monde extérieur, il est devenu le plus grand consommateur d’écrans de toute l’Asie. L’irruption de la société digitale et des écrans s’y est faite de manière brutale. Lorsque la télévision est arrivée au Bhoutan, il y a eu rapidement une addiction aux émissions de catch et aux films pornographiques, qui étaient les deux programmes principaux que les bhoutanais regardaient en boucle. 

Le gouvernement a alors commencé à légiférer, mais sans grand succès. Regarder la société bhoutanaise subir des transformations aussi importantes nous permet de réfléchir sur la place des écrans chez nous, et sur nos propres pratiques. Rien, il me semble, n’a autant transformé le comportement des hommes sur notre planète que leur addiction aux écrans. Au Bhoutan comme en Occident, l’essentiel de la transformation des relations entre parents et enfants est sans doute lié à cet accès, parfois sans limite, aux écrans. 

Votre film aborde aussi la question des changements de valeurs, qui sont des conséquences directes de l’apparition de ces nouvelles technologies. On pense notamment à cette violence que l’on décèle lorsque les jeunes moines bouddhistes jouent à la guerre ou à ce passage dans lequel on voit cette jeune fille regarder la vidéo d’une décapitation avant d’aller s’acheter un sac à main…. 

Sing Me a Song est avant tout l’histoire d’un jeune moine, Peyangki, qui symbolise ce conflit entre tradition et « modernité » à travers l’irruption des écrans et des nouvelles technologies y compris dans ce monastère d’altitude. J’ai simplement suivi sa quête intérieure, intime, personnelle qui est bouleversée par l’adolescence et cette histoire d’amour qui n’aurait jamais pu exister s’il n’avait pas un smartphone et accès aux réseaux sociaux. Cette question m’a paru d’autant plus forte qu’elle renverse nos attentes et bouleverse nos préjugés sur « le pays du bonheur ». 

Il me semble que Sing me a Song raconte simplement une histoire, une histoire dans le monde d’aujourd’hui. 

Bien que Sing Me a Song soit un documentaire, on peut presque voir les codes de la fiction à certains moments. Était-ce un effet recherché ? 

Oui ! Je souhaitais m’approcher de la fiction, un peu comme un exercice de style, mais aussi parce que ce que nous voyons du Bhoutan d’aujourd’hui peut apparaître comme une fiction absolue alors qu’elle n’est que le reflet de sa réalité. On peut dire à ce moment-là que le réel dépasse la fiction. C’est la raison pour laquelle utiliser la grammaire cinématographique était encore plus intéressant pour raconter cette histoire. 

L’idée était vraiment de raconter une histoire, quelque chose qui se rapproche du conte philosophique. Et qu’il puisse faire sens et nous permettre collectivement de prendre conscience du formidable outil que représente le développement du digital, mais aussi de ses dangers tragiques. 

Pouvez-vous nous parler du travail sur la lumière ? 

J’ai travaillé avec des objectifs Cook Anamorphiques et une caméra Sony Venice. Particulièrement rapides, ces optiques extrêmement sensibles m’ont permis de travailler à pleine ouverture, de filmer sans aucune lumière additionnelle et de laisser les deux ambiances (ville et monastère) se répondre naturellement : les néons et lumières artificielles de la ville d’une part, et de l’autre les feux d’artifice, et flammes des bougies rituelles du monastère. 

Il y avait aussi une lumière commune aux deux univers et qui faisait le lien : l’écran des téléphones, dont je ne me suis pas lassé de filmer les réflexions changeantes sur les visages de mes personnages. 

Vous aviez déjà suivi l’enfance de Peyangki dans Happiness et vous filmez maintenant son adolescence avec Sing Me a Song. Ces deux films ne représenteraient-ils pas le roman d’apprentissage de ce jeune moine ? 

D’une certaine manière, oui, mais ce n’était pas mon intention initiale. J’ignorais que j’allais revenir faire un film avec Peyangki. Ce qui est intéressant quand on filme le réel, c’est l’imprévu. J’ignorais que Peyangki allait passer de l’univers spirituel du monastère à celui de la nuit en ville. J’ignorais qu’il allait tomber amoureux sur… un forum de discussion via son smartphone. 

J’ai simplement suivi instinctivement sa trajectoire. 

La fin, et notamment la séquence montrant Peyangki en train de gravir le grand escalier, est assez énigmatique… 

Je n’y vois rien d’énigmatique Je n’y vois que Peyangki essayant modestement de trouver son propre chemin dans le monde. 

ENTRETIEN AVEC PEYANGKI 

Il y a quelques années, Thomas Balmès vous mettait en avant dans Happiness. Vous le retrouvez aujourd’hui avec Sing Me a Song… 

Lors du tournage de Happiness, je n’avais pas vraiment conscience de ce qui se passait puisque je n’étais encore qu’un enfant. Je me demandais même pourquoi on me filmait ! Je n’avais jamais vu ça de ma vie et j’étais assez intimidé. 

Une fois le tournage terminé, on m’a fait savoir que Thomas allait certainement revenir. Lorsqu’il est revenu pour le tournage de Sing Me a Song, j’étais au monastère de Gasa. J’étais très heureux de le revoir et excité d’avoir une nouvelle expérience devant la caméra, avec toute cette équipe de cinéma. 

Qu’a changé l’apparition des écrans (télévision, téléphone…) dans votre rapport au monde et aux autres ? 

La télévision et le téléphone ont apporté énormément de positif dans ma vie. Désormais, grâce aux nouvelles technologies, je prends conscience que le monde n’est pas aussi grand que je le pensais puisque nous pouvons être en contact avec des personnes habitant à l’autre bout de la planète. Avant l’apparition du téléphone, les choses étaient plus difficiles et il était évidemment moins aisé de communiquer. 

Désormais, je peux parler tous les jours à mes proches et même passer des appels en vidéo. Grâce aux réseaux sociaux, et notamment Facebook, j’ai également pu me faire de nouveaux amis. C’est un formidable outil pour s’enquérir de la situation de son propre pays mais aussi du monde. Avec Internet, j’ai également appris beaucoup de choses sur un plan davantage spirituel, comme la manière de sonner des trompettes religieuses. 

Sur un aspect plus ludique, je me suis également perfectionné dans le montage vidéo et les jeux en ligne. En résumé, la vie est devenue beaucoup plus pratique depuis l’apparition de la télévision et du téléphone. 

Pour finir, pourriez-vous nous expliquer cette devise emblématique du Bhoutan du « Bonheur National Brut » ? 

Le développement de notre pays est mesuré par le degré de bonheur des gens. Et le « Bonheur National Brut » est l’outil utilisé pour le quantifier. C’est une philosophie qui a été développée par le quatrième roi du Bhoutan. Plutôt que la richesse et les considérations mercantiles, nous désirons surtout être heureux. Se contenter de peu et de ce que la vie nous offre pourrait être notre devise. 

ENTRETIEN AVEC FRANÇOISE POMMARET 

Comment pourrait-on présenter le Bhoutan en quelques mots ? 

C’est un royaume indépendant, qui se trouve dans l’Himalaya de l’Est. Ses frontières communes sont avec la Chine et l’Inde. C’est un pays de 750 000 habitants, extrêmement montagneux, et dont la superficie est plus ou moins équivalente à celle de la Suisse. Sur le plan écologique, il est très riche. Il y a des zones tropicales, semi-tropicales, alpines mais aussi des zones de toundra dans le nord et, bien sûr, des glaciers. Enfin, c’est une monarchie constitutionnelle, avec des élections au suffrage universel tous les 5 ans. Concernant la population, il y a environ 75% des gens qui sont bouddhistes et 25% qui sont hindous. 

L’une des grandes formules de ce pays est évidemment cette notion de « Bonheur National Brut » … 

C’est un concept élaboré par le quatrième roi du Bhoutan, au début des années 90. Toutefois, cela ne veut pas dire que tous les Bhoutanais sont heureux comme on peut souvent le lire. Le « Bonheur National Brut » ne met pas vraiment l’accent sur l’économie ou l’industrialisation comme certains pays ont pu le faire. En revanche, c’est une politique qui tend à garder en harmonie ce que l’on appelle les quatre grands piliers : le développement durable, la préservation de l’environnement, la préservation de la culture (des cultures et des traditions) et la bonne gouvernance. Il faut utiliser ces quatre lignes politiques pour tout ce qui concerne le développement du pays. C’est un concept vraiment bhoutanais, historiquement ancré dans le Bhoutan. 

Comment la population bhoutanaise a-t-elle accueilli tous ces bouleversements d’ordre technologique liés à l’apparition des écrans ? 

La télévision est apparue au Bhoutan en 1999 et il y a eu quarante chaînes d’un coup. Ici, il n’y a pas de censure. On reçoit aussi bien les chaînes de la BBC, CNN, National Geographic, Al Jazeera que les chaînes indiennes, chinoises, philippines… Il y a un large éventail de choix. On a également la chaîne bhoutanaise qui est la Bhoutan Broadcasting Service, la BBS, qui est très regardée. Au départ, les gens étaient très intéressés par les chaînes étrangères. Les classes populaires, elles, regardaient les chaînes indiennes ainsi que les séries télévisées. Désormais, l’audimat concerne essentiellement les informations et les débats. De manière générale, la télévision bhoutanaise a fait de gros progrès au niveau des programmes. Les gens regardent beaucoup plus la télévision nationale qu’ils ne la regardaient il y a vingt ans. 

D’autre part, il y a eu l’essor des réseaux sociaux. Il y a 600 000 Bhoutanais qui sont sur Facebook. L’essentiel des communications passe par Facebook, Twitter, Instagram et les messageries instantanées… Tout ça est le fruit du développement extraordinaire d’Internet. 

Finalement, le Bhoutan qui est désormais une nation connectée, a-t-elle toujours ce statut de « pays à part », que ce soit par rapport au reste de l’Asie ou du monde en général ? 

Oui et c’est d’ailleurs ça qui fait sa beauté. Le Bhoutan est vraiment unique. Les traditions, religieuses ou non, sont extrêmement respectées. Elles ont notamment été renforcées par les réseaux sociaux. Bien sûr, il y a une influence étrangère, en particulier d’autres états traditionnels et fiers de leur culture. 

Qu’est-ce qui pourrait différencier le Bhoutan de certains de ses pays limitrophes, comme le Népal ou le Tibet ? 

Ce sont des pays différents, avec des histoires différentes. Le Bhoutan a une place particulière en Asie, en raison du statut de la femme, qui est vraiment spécifique. Elle a des droits, est extrêmement indépendante et n’est pas un appendice de l’homme. D’autre part, il n’y a pas de dot. La femme garde ses avoirs et il n’y a pas de mariages sous le régime de la communauté des biens. Enfin, elle garde son nom de jeune fille. Le Bhoutan n’est pas un pays archaïque, contrairement à ce que l’on pourrait penser. 

Outre l’apparition des écrans, quels ont été les changements importants et grosses innovations pour le Bhoutan, depuis le début du XXIème siècle ? 

La grosse innovation a été le développement des villes et des centres urbains. Lorsque je suis arrivée à Thimphou, il y avait 15 000 habitants et aujourd’hui, il y en a 100 000. Il y a eu une multiplication des magasins, des restaurants, des karaokés, des bars, des cafés… 

Outre les centres urbains, l’autre événement majeur a été la démocratie. Elle a été un peu imposée parce que les Bhoutanais n’en voulaient pas. Les premières élections ont eu lieu en 2008 et ont marqué l’avènement de la démocratie. Grâce à l’utilisation des réseaux sociaux, la démocratie a été peu à peu admise par la population car ils comprenaient qu’ils pouvaient agir sur les débats. Désormais, ils voient la démocratie comme étant la voix du peuple. 

Françoise Pommaret est une ethnologue et tibétologue française, chercheur au CNRS. Elle a beaucoup voyagé en Asie, au Tibet et au Bhoutan, où elle réside régulièrement depuis 1981. 

Elle est présidente de l’association Les Amis du Bhoutan. 

Source et copyright des textes des notes de production @ Nour Films

  
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