L'ORIGINE DU MONDE


Comédie/Un film décalé et drôle

Réalisé par Laurent Lafitte 
Avec Laurent Lafitte, Karin Viard, Vincent Macaigne, Hélène Vincent, Nicole Garcia, Pauline Clément, Grégory Gaule...

Long-métrage Français
Durée : 01h28mn
Année de production : 2020
Distributeur : StudioCanal 

Date de sortie sur nos écrans : 15 septembre 2021



Résumé : Jean-Louis réalise en rentrant chez lui que son cœur s'est arrêté. Plus un seul battement dans sa poitrine, aucun pouls, rien. Pourtant, il est conscient, il parle, se déplace. Est-il encore vivant ? Est-il déjà mort ? Ni son ami vétérinaire Michel, ni sa femme Valérie ne trouvent d'explication à cet étrange phénomène. Alors que Jean-Louis panique, Valérie se tourne vers Margaux, sa coach de vie, un peu gourou, pas tout à fait marabout, mais très connectée aux forces occultes. Et elle a une solution qui va mettre Jean-Louis face au tabou ultime...

Teaser #1(VF)


Ce que j'en ai pensé : avec ce film, Laurent Lafitte adapte en tant que réalisateur la pièce de théâtre homonyme de Sébastien Thiéry. Il s'agit d'une farce absurde qui doit être vue comme telle par les spectateurs sous peine de ne pas adhérer à la narration et de la trouver choquante et/ou vulgaire. Si on s'en amuse, alors le réalisateur réussit à nous faire rire par le biais de dialogues décalés et de situations ubuesques. 

Laurent Laffite, par sa mise en scène, choisit de respecter l'origine (justement) du texte et place ses scènes dans une atmosphère théâtrale. Les protagonistes sont souvent réunis pour des échanges verbaux dans des endroits qui leur permettent de voir sans être vus et ainsi d'embarquer les spectateurs dans ce qu'ils cherchent à faire. Il est fort appréciable que le réalisateur applique une logique jusqu’au-boutiste à son histoire. Il se moque de ses personnages tout en nous tendant un miroir sur l'égoïsme et l'égocentrisme ambiant de nos sociétés. Par rapport au contenu de cette aventure, il y a quelques longueurs que les pointes humoristiques viennent atténuer. Les décors sont tout à fait en accord avec chaque ambiance que Laurent Laffite souhaite mettre en avant. Ils correspondent à la fois au moment dépeint et également à la personnalité des protagonistes.

Les acteurs et actrices, que ce soit Laurent Lafitte, Karin Viard, Vincent Macaigne, Hélène Vincent ou encore Nicole Garcia, sont excellents à la fois dans leur sens du rythme, pour permettre aux échanges d'être drôles, mais aussi dans leur implication physique pour montrer la volonté des personnages à obtenir ce qu'ils veulent par tous les moyens.




Copyright photos ©Laurent Champoussin

L'ORIGINE DU MONDE surprend positivement si on se laisse embarquer dans le flot de cette farce où le premier degré n'est pas de mise. Laurent Lafitte veille à la cohérence visuelle et narrative de cette histoire très décalée qui est aussi mise en valeur par le jeu de ses très bons acteurs.

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Entretien avec Laurent Lafitte 

QUAND EST NÉE L’IDÉE DE CE FILM ? 

Il y a sept ans environ, j’ai vu la pièce de Sébastien Thiéry. Moi qui ris rarement au spectacle, je riais aux éclats. Une fois sorti du théâtre, un deuxième niveau de lecture, plus grave, a commencé à faire son chemin dans mon esprit : le poids du secret dans la famille, comment on s’émancipe quand on a grandi dans le mensonge… Ces thèmes me touchent intimement. 

Cette histoire m’a tellement habité, j’ai tellement rêvé autour que je n’avais pas envie d’écrire autre chose pour mon premier film. J’ai proposé à Sébastien Thiéry d’acheter les droits, il a accepté, puis je suis passé à autre chose pendant presque deux ans car je travaillais beaucoup et je n’avais pas le temps de me pencher sur l’adaptation. En fait, le film mûrissait tranquillement dans ma tête : quand je me suis mis à écrire, tout est allé très vite. 

QUELS ONT ÉTÉ VOS AXES D’ADAPTATION ? 

J’ai gardé des pans entiers de la pièce en les allégeant car le théâtre est plus bavard que le cinéma. De plus, je tenais à m’éloigner au maximum des mots d’auteur. Au cinéma, la « réplique drôle » me fait moins rire qu’une situation. J’ai aussi ajouté toute la première partie. Alors que la pièce commence quand le coeur de Jean-Louis s’arrête de battre, je souhaitais installer un peu sa vie avant. 

Et en général pour sortir de la pièce, j’ai écrit des séquences en extérieur, chez la mère, la photocopieuse, les cauchemars, et des flashback… J’ai également voulu que sa femme soit plus présente. 

POUR VOUS, QUEL EST LE THÈME LE PLUS FORT ? CELUI QUI VOUS PASSIONNAIT PARTICULIÈREMENT ? 

J’ai développé l’aspect social, qui était sous-jacent dans la pièce : je voulais vraiment que Jean-Louis soit un personnage qui a coupé avec ses origines, et a essayé de s’en sortir par la réussite. D’où mon choix de ces plans au début du film sur tous les objets déco de son appartement. 

La lampe design que tout le monde veut, le tapis berbère, le canapé Caravane, la montre Cartier, les bougies Diptyque : comme s’il avait coché toutes les cases ! Pour le décorum, il a tout bon, mais apparemment ça ne marche pas : il s’emmerde, sa femme s’emmerde, entourés de belles choses. La mère de Jean-Louis a une appréhension du milieu bourgeois et le résultat, inconscient, chez le fils est de tout faire pour le devenir. 

C’est pourquoi j’ai transformé le marabout africain de la pièce en une holistic life coach à 500 euros la séance. Nicole Garcia est géniale de drôlerie menaçante dans le rôle ! J’ai eu très vite l’idée de sa tenue : de gros colliers, un plissé Issey Miyake et les pieds nus. 

L’ORIGINE DU MONDE N’EST PAS SEULEMENT UNE COMÉDIE… 

J’avais envie d’un drame qui fasse rire. Même si les scènes comiques ont été pensées pour que le rire soit le plus efficace possible, elles sont toujours plus fortes avec un point de départ dramatique. C’est un peu une règle de base : un cancer de la gorge provoque davantage de situations comiques qu’une angine. 

J’ai essayé de toujours faire attention à baisser le curseur : dès que je sentais la comédie un peu trop présente, que ce soit dans l’écriture, dans la mise en scène et surtout dans le jeu des acteurs, je la faisais « redescendre »… Je cherchais le premier degré absolu : un comédien doit jouer les situations comiques sans chercher à être « drôle ». Ne jamais prendre en charge la comédie, laisser cela aux situations et les pousser le plus possible : Ils deviennent tous fous à la fin, violents. 

COMMENT AVEZ-VOUS CONÇU VOTRE MISE EN SCÈNE ? 

Le piège aurait été, en adaptant une pièce, de vouloir compenser en rajoutant trop d’extérieurs et surtout à beaucoup faire bouger la caméra, créer une fausse dynamique comme si le contraire du théâtre était l’excès de cinéma. La théâtralité du projet existait, inutile de la nier, alors j’ai préféré l’assumer et la tordre vers une réalité de cinéma avec des cadres fixes et des acteurs qui évoluent dans ces cadres un peu comme au théâtre finalement mais avec les armes du cinéma : le 360° et pouvoir imposer un détail par le gros plan. J’adore aussi le plan-séquence très cinématographique et pourtant totalement théâtral. Au fur et à mesure des révélations du film, la caméra devient de plus en plus mobile, et on finit à l’épaule. J’espère avoir trouvé un équilibre, car je n’aime pas quand un élément prend le dessus sur les autres : quand on voit trop le jeu des acteurs, ou trop la direction artistique, ou qu’on sent trop la caméra. Mais la discrétion réclame de la réflexion. Une question ne cessait de m’obséder : qu’est-ce que raconte la scène et comment le raconter le mieux possible et en prenant le point de vue de quel personnage ? J’avais peur d’arriver sur le plateau, le matin, en donnant l’impression de ne pas savoir ce que je voulais. J’arrivais ultra-prêt, pour me permettre de ne rien figer et de me laisser surprendre par le talent des acteurs. 

VOUS INTERPRÉTEZ LE RÔLE PRINCIPAL. DIFFICILE D’ÊTRE AU FOUR ET AU MOULIN ? 

Pas agréable du tout. Quand je tourne avec un réalisateur, je ne vais jamais au combo regarder mes prises, et j’ai du mal de toute manière à juger mon propre travail. Et là, forcément, j’étais obligé d’y aller et d’avoir un avis à chaud sur ce que je venais de faire. Comme les autres acteurs m’intéressaient nettement plus, je n’ai pas beaucoup fait de prises sur moi et, au montage, il m’a manqué des plans et des nuances de jeu que m’aurait sûrement demandés un autre metteur en scène ! Heureusement, je me suis donné le rôle le moins drôle du film. Même si, un moment, j’ai envisagé de jouer Michel… 

POURQUOI AVOIR RENONCÉ ? 

D’abord, j’ai eu le réflexe de l’acteur : quel est le personnage le plus drôle ? 

C’est Michel, donc je vais jouer Michel ! Mais la force comique du film repose tellement sur ses scènes que je prenais un trop gros risque en étant des deux côtés de la caméra. J’aurais fait un Michel très différent, et nettement moins drôle que celui de Vincent Macaigne. J’ai vite laissé tomber cette idée et j’ai choisi d’être le clown blanc. 

De plus, par rapport à ce qui me touche intimement dans le film, il était logique que je joue Jean-Louis. 

VOUS AVEZ DONNÉ UN LOOK PARTICULIER À VINCENT MACAIGNE. 

Je voulais le montrer comme il n’avait jamais été vu à l’écran. J’ai fait de Michel, son personnage, un aristo un peu désargenté. Je l’ai tout de suite imaginé rasé de près, avec un 501 droit, des mocassins Weston bordeaux un peu usés, une veste Barbour trop grande et une chevalière au blason tournée vers l’intérieur car il est divorcé. C’était très amusant de réfléchir aux détails. Je ne lui ai pas demandé de grossir mais il l’a fait instinctivement pour le rôle, c’était parfait. Pour Hélène Vincent, j’avais des idées très précises également : du terne, du triste, du beige, et les chaussons Isotoner. Et il fallait la vieillir sans que cela ne fasse artificiel. La rendre fragile et vulnérable pour qu’on la plaigne de ce qu’ils lui faisaient subir. C’était difficile car Hélène a une force et une énergie incroyables. Je n’oublierai pas notre fou rire quand elle lui a inventé un petit claudiquement lié un problème de hanche. Les départements déco et costumes ont été formidables : ils ont su concrétiser mes désirs. Je ne m’en remets pas : c’est comme s’ils avaient une machine à imprimer mes pensées ! Le chef décorateur Samuel Deshors (qui a fait la déco sublime de CALL ME BY YOUR NAME) a conçu l’appartement de Jean-Louis avec cette « accumulation de bon goût » que je souhaitais. Une accumulation bien renseignée mais pas très personnelle. Je sais de quoi je parle : moi aussi j’ai mon tapis berbère, et la lampe qui est le must de l’édition design machin truc… J’aurais été malhonnête de ne pas me moquer de mon propre style de vie. 

DANS CE FILM, JUSTEMENT, ON SENT UNE PARENTÉ AVEC VOTRE ONE MAN SHOW QUI NE CRAIGNAIT PAS LES TABOUS… 

Oui. Cela me rassure de pouvoir rire de tout. C’est là que l’humour devient social et même politique. Et surtout intime donc sincère. 

La seule limite au cinéma, avec un tel sujet, était la vulgarité. Parler de tout, mais ne pas tout montrer. C’est quand même un film sur le sexe de la femme. Le sexe féminin est bien plus mystérieux que le sexe masculin. 

Déjà c’est un organe principalement interne. 

Et puis on sort du sexe de sa mère, et ensuite, pour la majorité des hommes, le sexe féminin devient un objet de désir : on peut difficilement faire moins paradoxal et tabou. C’est le sens du premier rêve de Jean-Louis avec sa femme qui devient sa mère, où tout se mélange… 

Le personnage est travaillé par sa sexualité : de là, ma séquence du début, qui montre qu’avec sa femme, cela ne se passe pas bien au lit. Ce malaise le pousse à traverser le périph. 

Au début, c’est l’histoire d’un type qui n’arrive pas à jouir : ça, ça m’intéresse. 

EN TANT QU’ACTEUR, VOTRE DIRECTION D’ACTEUR EST-ELLE DIFFÉRENTE ? 

Je pense avoir été très exigeant. Je vois quand un acteur n’est pas à 100%, je vois quand il se raccroche à des trucs, à des fausses hésitations naturalistes. Je le sais puisque je peux avoir ces défauts-là ! Je ne leur laissais aucun répit. Dès que je trouvais le jeu un peu trop comédie, je disais souvent « joue comme pour Haneke !». 

Vincent, Karin et Hélène ont des manières différentes de travailler et sont impressionnants chacun dans leur genre. Je suis très heureux, par exemple, de la scène de déclaration d’amour de Michel à la mère : Vincent et Hélène sont merveilleux de premier degré. On sent vraiment monter le désir de cette femme de 80 ans, son corps se réveiller, c’est beau et drôle. 

J’espère que le film est à cette image. 

VOTRE FILM FAIT PARTIE DE LA SÉLECTION CANNES 2020. 

Le comité le plus pointu, le plus cinéphile de la planète a considéré le film digne de Cannes ! Mais quelle frustration de ne pas avoir pu le montrer en vrai dans la grande salle du Palais des festivals dont l’histoire est pleine de réactions houleuses face aux films un peu… déviants ! 

Entretien avec Karin Viard 

La drôlerie des scénarios de comédies n’est pas toujours évidente à la lecture. 
Le scénario de Laurent, lui, m’a fait rire d’emblée : il était si savoureux, tellement original. 
J’adore les comédies mais, hélas, je les trouve souvent très convenues, avec des sujets mille fois rebattus. 
Le sujet et le traitement de L’ORIGINE DU MONDE, pour le coup, étaient vraiment décoiffants. 
Et comme, en plus, j’aime beaucoup Laurent comme acteur, j’aime sa compagnie et son humour, je ne me suis pas posée une seconde la question : j’allais évidemment faire ce film ! 

Valérie est un personnage de farce, donc j’ai joué sans aucune psychologie ou réalisme. Il fallait de mon point de vue jouer simplement les situations telles qu’elles se présentaient. Il faut assumer les rôles pour ce qu’ils sont : Valérie martyrise sa belle-mère et n’a aucun scrupule à être méchante avec une vieille dame d’apparence fragile, du moment que cela peut aider son mari. Il faut la déshabiller quitte à la violenter légèrement ?! Faisons ça vite, ça vaudra mieux pour tout le monde. Premier degré absolu ! C’est cela qui me semblait drôle. J’ai rapidement compris ce que Laurent attendait de moi, nous étions spontanément sur la même longueur d’onde dans notre refus d’excuser la monstruosité du personnage et de le jouer à fond. 

Il y a une scène où tout le monde est nu : là encore pour atteindre le comique, il faut être absolument naturel, jouer comme si nous étions habillés. Et atteindre ce naturel, c’est du travail ! 

Ce film serait passé comme une lettre à la poste dans les années 70. 

Dans notre société de plus en plus normative, il va peut-être en défriser quelques-uns. Et je m’en réjouis. 

Entretien avec Hélène Vincent 

À la lecture du scénario, j’étais de plus en plus horrifiée par ce qui se passe entre ces gens ! Je dévorais les pages en poussant des « oh ! », des « ah ! ». 

Quelle crapulerie ! Quel humour grinçant ! Cela m’a enthousiasmée. Quand on reçoit ce genre de proposition de rôle, quel cadeau ! 

Mon personnage est une pauvre petite personne. Une mère mortifère. 

Dangereuse et folle. Tant de frustration et de déni. Avec un autre metteur en scène, j’aurais peut-être trouvé le chemin d’une certaine empathie mesurée pour elle. Je l’aurais joué plus pathétique, par compréhension pour sa honte sociale. 

Elle est si loin de moi que je n’avais aucun point de repères pour la construire. 

J’étais sur un fil dans le vide du début à la fin : un véritable exercice de haute voltige avec une confiance absolue dans les indications de Laurent. J’avais les jetons ! L’excitation et l’angoisse se mariaient très intimement. 

J’ai construit le personnage de l’extérieur, sans psychologie. De toute manière, elle-même ne semble pas avoir accès à son intimité, à sa psyché. 

Depuis toujours, elle fait mine de… et il y a des cadavres dans le placard à n’en plus finir. Son apparence était donc déterminante. Grâce à Laurent et sa vision très précise du costume, de la perruque, du maquillage, soudain, je l’ai vue, cette femme. Prendre un rôle par l’extérieur et par l’expression corporelle m’a rappelé mes débuts avec Patrice Chéreau et avec Jean-Pierre Vincent : c’est un espace de jouissance de jeu dans lequel je n’ai pas peur d’aller. Pas la peine d’être comédienne sans le plaisir du travestissement, de la métamorphose. Avec Laurent, qui est aussi un puissant acteur de théâtre, je savais que je pouvais appuyer sur la pédale. 

Ou il me « replaçait », ou il ne me disait rien et on passait à la séquence suivante. J’ai mis longtemps à comprendre que ses silences valaient approbation ! Il n’est pas le genre de cinéaste à vous dire constamment « tu es parfaite, ma chérie », il n’a pas de temps à perdre avec ces fadaises. 

Il est rigoureux, et d’une exigence au scalpel. C’était clair dès le début du tournage : on n’allait pas la lui faire ! Il savait ce qu’il voulait et encore plus ce qu’il ne voulait pas. Heureusement car, dès que j’ai accepté le film, j’avais cette conviction : ou bien j’allais m’en sortir et cette mère resterait un rôle fort de ma vie de comédienne, ou j’allais me planter en beauté. 

Guetter la satisfaction dans les yeux de Laurent était un repère infaillible. 

Quand je pense que mes fils et mes petites filles vont voir ce film ! Est-ce bien raisonnable ? 

Entretien avec Vincent Macaigne 

Quand Laurent m’a donné le scénario à lire, j’étais dans un café. Je suis resté dans le café et je l’ai lu d’une traite, en rigolant tout haut. Tellement hilarant à lire et presque intimidant : il faudrait donc que ce soit aussi drôle à l’image… Sur le tournage, mes craintes se sont envolées en réalisant la grande précision de mise en scène de Laurent, son sens du rythme, des cadres. Il a retrouvé l’esprit de ses premiers spectacles avec cette violence très… enfantine. La fantaisie de l’enfance, mais l’exigence folle de l’adulte sur le plateau. Il regardait à fond chaque prise avant d’en relancer une autre, l’analysait, prenait même des notes. 

On sentait à quel point il avait son film en tête et c’était passionnant de jouer en conformité avec sa pensée, son univers. D’entrer dans son prisme. L’ORIGINE DU MONDE parle beaucoup du corps, avec un burlesque très chorégraphié, millimétré par Laurent. Impossible de se laisser aller à une seconde de complaisance. Il y avait des moments, il m’arrêtait en plein milieu d’une prise : « tu joues en ayant conscience que c’est drôle, recommence ! » Il ne nous laissait pas l’espace de rigoler de nous-mêmes, et c’est sans doute pour ça que l’humour du film est implacable. 

Je ne me reconnais pas dans le film : Laurent m’a changé. Moins nonchalant que dans les autres films, avec cet appareil en bandoulière qui se pose sur mon bide. Grâce à lui, à son regard, à sa confiance en moi, je suis allé plus loin que je ne m’en sentais capable. Je suis vraiment impressionné : pour moi, un cinéaste est né.

Source et copyright des textes des notes de production @ StudioCanal

  
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