Les Utopiales
Festival international de Science-Fiction
Du vendredi 29 octobre au lundi 1er novembre 2021
Copyright affiche © Alex Alice
L'édition 2021 du festival LES UTOPIALES se termine déjà. Elle a vibré pendant 4 jours au rythme de son thème principal TRANSFORMATIONS et de ses quatre sous-thèmes : Transitions, Évolutions, Adaptations et Mutations.
Le programme était cette fois encore tellement riche qu'on souhaiterait pouvoir muter pour se dédoubler et alors pouvoir tout faire. Mais en attendant cette évolution, on doit s'adapter et faire des choix. Toujours est-il que c'est, comme toujours, avec le plus grand plaisir qu'on a participé à ce festival.
RENCONTRES ET TABLES RONDES
Nombreuses et variées, les rencontres et tables rondes étaient l'occasion d'ouvrir son esprit aux échanges et aux idées partagés par les invités du festival.
Cette année, nous avons eu l'opportunité de faire la toute première table ronde du festival animée par Roland Lehoucq, astrophysicien, auteur et Président des Utopiales.
N°001 -- La leçon du Président
Énergie, puissance et science-fiction
La science-fiction met souvent en scène vaisseaux spatiaux, gigantesques stations orbitales ou mégaprojets planétaires. Pour la plupart, ces réalisations relèvent de l’imagination la plus débridée.
En revanche, d’autres survivent à une analyse plus poussée fondée sur la science maîtrisée à notre époque : à défaut d’être réalisables dans un futur proche, elles ont un fonctionnement pensable. Si les univers de la science-fiction obéissent aux mêmes lois que le nôtre, que nous manque-t-il donc pour égaler ses exploits ? Et comment les réaliser ? Au-delà des difficultés techniques propres à la réalisation d’un instrument fonctionnel, du grille-pain au vaisseau interstellaire, la différence entre nous et ces ingénieurs du futur est d’abord une affaire de capacité à produire et à utiliser rapidement une grande quantité d’énergie.
Résumé : dans cette conférence qui ne manque ni d'humour, ni de messages à portée humaniste, l'astrophysicien Roland Lehoucq s'amuse à nous démontrer par un peu plus que A+B que la science-fiction présentée dans les films est, ne nous en déplaise, bien loin d'être une réalité à portée de notre futur proche. Il analyse l'énergie et les masses utilisées dans des scènes de Star Wars avec la mise en avant des impossibilités scientifiques par rapport aux actions des personnages. Il calcule la surface du disque par rapport à l'épaisseur ou encore le volume et la masse pour constater que le Jedi ne pourrait pas dans notre réalité percer la porte en acier avec un sabre laser. Il annonce que tout peut se calculer dans les scènes contenant de l'énergie. Un sabre laser fonctionnerait donc avec 1 milliards de watts soit l'équivalent d'un réacteur nucléaire. Pour lui, cela ne peut pas fonctionner, même si on n'a pas envie de critiquer cet objet emblématique qu'on a tous envie d'avoir, et d'après son aveu, il en a un ! Et il ajoute que ce n'est pas une bonne idée de mettre ses mains aussi près d'une masse en fusion.




On passe à Spiderman 2 avec Octavius qui crée la force du soleil dans la paume de sa main (...). Il crée, au passage, de la fusion nucléaire qui pourrait alimenter le sabre laser du Jedi. La taille de sa machine qui produit 1000 méga watts n'est pas réaliste quand on compare avec une machine de fusion contrôlée, elle est incroyablement compacte.




Passons à la destruction de la planète Aldoran dans Star Wars. Il explique que le rayon laser passe à côté de deux gars qui ont raison de se méfier, car le passage de l'énergie dans leur corps causerait des transformations importantes. Il se lance dans le calcul de l'énergie nécessaire pour la délivrance de cette énergie par l'Etoile de la mort qu'elle lâche d'un coup. Le stockage se fait à faible puissance pour pouvoir délivrer à forte puissance. Les calculs montrent qu'en un millionième de seconde, le soleil produit l'équivalent de l'énergie de l'humanité pendant un an. Donc pour détruire une planète, il faudrait cumuler six jours de l'énergie du soleil dans l'Etoile de la mort pour détruire Aldoran. L'explosion ne pourrait pas être instantanée. La vitesse d'expansion est de 10 000 km par seconde quand on regarde l'explosion image par image. Il faudrait 100 000 soleils dans la machine à l'intérieur de l'Etoile la mort qui elle-même est équivalente en taille à une petite lune.



Concernant le voyage interstellaire, il explique que l'étoile la plus proche est à quatre années lumières. Pour l'atteindre, il faudrait 40 ans et un appareil mille fois plus rapide que ce qu'on n'a jamais inventé avec une consommation énergétique considérable. Il nous faudra trois siècles pour faire un voyage interstellaire lent avec une charge lourde, nous n'avons ni l'énergie ni la puissance.
Et pourtant l'humanité possède une énergie considérable. On voit sur son graphique qu'on aurait un intérêt majeur à se brancher sur le soleil. L'énergie sur Terre est énorme, mais minuscule par rapport à ce qu'imagine les ingénieurs de la science-fiction.
Il n'y a jamais eu de transition dans l'énergie, on continue d'utiliser les sources d'énergie en les accumulant. On consomme 80% d'énergie fossile. Cela pose un problème de stock, car l'énergie fossile, un jour il n'y en aura plus.
Jules Verne l'annonçait déjà dans son roman Les Indes Noires en 1877. Donc on sait que le stock va s'épuiser.
Non seulement il n'y en aura plus, mais il faudrait arrêter de les utiliser puisque les énergies fossiles transforment l'atmosphère. Il y a aussi le gaz ou le nucléaire, mais l'uranium est un minerai et c'est donc un stock. Le stock est fini et dans un temps fini il n'y en aura plus. Il faudrait qu'on trouve le moyen de trouver une source d'énergie multipliée par 100 alors qu'on a fait fois 30 depuis le début de l'ère industrielle. Les avions, les smartphones... puisent dans la disponibilité énergétique et que se passera-t-il quand elle va diminuer et qu'il y en aura moins ? Le président des Utopiales nous invite à réfléchir à l'impact de cela sur le monde au travers du prisme de la science-fiction afin de trouver des solutions qui peuvent paraître justement comme de la science-fiction aujourd'hui, mais qui permettront peut-être à l'humanité de mieux vivre demain.
Merci à Roland Lehoucq pour cette rencontre passionnante.
Les 154 rendez-vous littéraires, scientifiques et artistiques auront été autant d'occasions de belles découvertes pour le public du festival.
Le festival a remis, comme prévu, ses prix Littérature.
Le Prix Utopiales récompense chaque année un roman ou un recueil de nouvelles paru ou traduit en langue française durant la saison littéraire qui précède le festival, et appartenant au genre des littératures de l’imaginaire.
Le Prix Utopiales Jeunesse récompense chaque année un roman ou un recueil de nouvelles paru ou traduit en langue française durant la saison littéraire qui précède le festival, appartenant au genre des littératures de l’imaginaire et destiné à un lectorat adolescent.
Le Prix Julia Verlanger, créé en 1986 à l'initiative de Jean-Pierre Taïeb (époux de Julia Verlanger), est attribué par la fondation éponyme, agissant sous l'égide de la Fondation de France. Il récompense des romans de science-fiction ou de fantasy. Le Prix Julia Verlanger est remis aux Utopiales depuis 2003.

En partenariat avec les Utopiales, la Bibliothèque municipale de Nantes reconduit son club de lecteurs de bande dessinée de science-fiction afin de décerner le Prix Utopiales BD qui récompense la meilleure bande dessinée de science-fiction de l’année en cours.
67 films longs et courts ont été projetés pendant le festival avec, au programme, une compétition internationale longs-métrages, une compétition internationale courts-métrages, des documentaires, deux séances spéciales et une rétrospective.
Cette année, les gagnants des prix cinématographiques sont :
Pour rappel, la compétition internationale de long-métrage comptait les huit films ci-dessous cette année :
Les expositions ont été autant de belles surprises pendant cette édition.
Exposition dédiée à l'œuvre d'Alex Alice (le créateur de l'affiche 2021 des Utopiales) intitulée Le Château des étoiles, soit 6 tomes d'invitation au voyage. On avait très envie d'embarquer à bord de cette installation à la scénographie soignée et immersive qui nous plongeait dans les planches de la bande dessinée.
Une petite exposition très mignonne qui parle de l'influence de Jules Verne et montre des jouets anciens qui relayaient la fascination des enfants pour la science-fiction.
Apprendre qu'une nouvelle bande-dessinée sur Goldorak est disponible aux éditions Kana depuis le 15 octobre 2021 ne pourrait être qu'une information provoquant l'enthousiasme pour toute la génération qui a grandit en regardant les aventures d'Actarus et de son robot de l'espace. Cette exposition montrait les planches de ce nouvel opus de Goldorak. Souvenirs et nostalgie était au rendez-vous.
La sortie d'un livre sur Satoshi Kon est un événement et celui-ci est français en plus ! L'occasion de revenir sur quelques œuvres majeures de ce réalisateur génial et sur les couvertures (6 en tout !) de cet ouvrage.
Coup de cœur pour les œuvres de cet artiste qui nous fait rentrer dans son imaginaire grâce à ces objets métamorphosés offrant une nouvelle vie inventive à ses trouvailles qui seraient autrement perdues.
Sens-fiction est une exposition ludique bien sympathique qui ouvre le regard du spectateur sur l'influence de la science-fiction sur le design de notre quotidien. Elle nous permet de revenir sur l'œuvre et la carrière de l'inventeur Hugo Gernsback. A découvrir à Nantes, au Lieu Unique jusqu'au 2 janvier 2022 (entrée libre).
Les tables de jeu du pôle ludique ont remporté un beau succès pendant le festival. Les parties battaient leur plein. On pouvait en profiter aussi pour regarder les figurines des Chevaliers du Centaure ou découvrir l'exposition sur les jeux vidéos.
Cette année, le prix du meilleur scénario de jeu de rôles a été décerné à :
LA LIBRAIRIE
La librairie du festival Les Utopiales proposent un nombre incroyable de livres et de bandes dessinées de science-fiction. Il est très difficile de résister à la tentation d'acquérir quelques œuvres à lire.
Un grand merci aux organisateurs, aux intervenants, aux bénévoles et à tous ceux et celles qui ont permis au festival Utopiales 2021 de faire notre bonheur pendant ces quelques jours.