CHÈRE LÉA


Comédie/Un film agréable et amusant avec des personnages bien écrits

Réalisé par Jérôme Bonnell
Avec Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Nadège Beausson-Diagne, Pablo Pauly, Yumi Narita...

Long-métrage Français
Durée : 01h30mn
Année de production : 2020
Distributeur : Diaphana Distribution

Date de sortie sur nos écrans : 15 décembre 2021


Résumé : après une nuit arrosée, Jonas décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie, Léa, dont il est toujours amoureux. Malgré leur relation encore passionnelle, Léa le rejette. Éperdu, Jonas se rend au café d’en face pour lui écrire une longue lettre, bousculant ainsi sa journée de travail, et suscitant la curiosité du patron du café. La journée ne fait que commencer...

Bande-annonce (VF)


Ce que j'en ai pensé : avec CHÈRE LÉA, le réalisateur, Jérôme Bonnell, nous propose une comédie aux allures douces, mais qui cache bien son jeu. On croit d'ailleurs au début qu'il s'agira du jeu de l'amour, cependant, il nous conte plutôt les hasards intérieurs de son protagoniste principal, un spécimen masculin égoïste, centré uniquement sur ses propres ressentis, et oblitérant totalement les émotions des femmes de sa vie ainsi que l'impact négatif de ses agissements vis-à-vis d'elles.

Jérôme Bonnell est également l'auteur du scénario. Il a donc la maîtrise des nuances tant sur le papier que derrière la caméra. Certaines répliques de ses dialogues font rire, parce qu'elles saisissent sur le vif des attitudes ou des pensées qui ne nous sont pas inconnues. Il joue avec les situations et notamment avec leurs excès pour parer son histoire d'humour, comme une leçon sur tout ce qu'il ne faut pas faire dans sa relation quand on se prétend amoureux. Sa mise en scène nous permet de suivre l'évolution de son personnage sur une tranche de vie d'une journée. Il n'y a pas tout à fait une unité de lieu, mais presque, ce qui crée un parallèle avec l'état d'esprit dans lequel son personnage se trouve. Il est coincé, arrêté à un moment de sa vie où il n'arrive plus à savoir ce qu'il veut vraiment, quitte à faire souffrir ceux qui l'entourent, mais sans en avoir une vraie conscience. Le scénariste veille à faire avancer son histoire sur le plan émotionnel tout en faisant vivre à son protagoniste de petites aventures et rencontres comme autant de jalons lui permettant de se dépêtrer de ses propres pensées. Il met en avant l'écriture comme outil déclencheur du processus, puisque le personnage s’attelle à la création d'une lettre manuscrite. Action au passé faisant table rase du passé. 


Il place la situation dans un quartier parisien qui ressemble à tous les coins de quartier des villes de France, où l'on se connaît un peu, où l'on se voit sans se fréquenter, où on va discuter des nouvelles du quartier avec une connaissance, où on va boire un café dans le bar sympathique 'd'en face'. Il donne ainsi un ton naturel et crédible à son long-métrage.

Son personnage principal, Jonas, doit faire face à une situation professionnelle compliquée associée à une vie privée en échec. Il gère aussi mal l'un que l'autre. Alors qu'il pourrait être un type insupportable, son interprète, Grégory Montel, le rend touchant parce que les spectateurs comprennent, sans la trouver justifiée ou sympathique, sa démarche vis-à-vis de la victime de son obsession, Léa, interprétée avec beaucoup de fraîcheur par Anaïs Demoustier. L'acteur nous fait ressentir en permanence l'instantanéité des réactions de Jonas. Ce dernier va croiser dans sa journée pivotale différents personnages dont trois qui se distinguent particulièrement par leur belle humanité, Mathieu, interprété par Grégory Gadebois, Loubna, interprétée par Nadège Beausson-Diagne et Harriet, interprétée par Léa Drucker.



Copyright photos ©Céline_Nieszawer & Diaphana Films

CHÈRE LÉA n'est pas une romance. C'est un film qui affiche sa personnalité dans sa volonté de raconter à la fois dans l'action présente à l'écran, mais aussi en dehors de ce que l'on voit, nous permettant d'imaginer au même titre que Jonas comment le reste du monde continue d'évoluer alors que lui est coincé dans un immobilisme envahissant. Il est agréable de se laisser porter par cette histoire amusante qui ne tente pas de faire illusion sur les attitudes toxiques de son personnage principal et qui dépeint des personnages attachants.

 
#ChereLea