ADIEU PARIS

Comédie/Tendre et cruel à la fois, on passe un bon moment en compagnie d'un casting qui nous donne le sourire

Réalisé par Edouard Baer

Avec Pierre Arditi, Jackie Berroyer, Gérard Daguerre, François Damiens, Gérard Depardieu, Léa Drucker, Bernard Murat, Bernard Le Coq, Isabelle Nanty, Yoshi Oida, Benoît Poelvoorde, Daniel Prévost, Ludivine Sagnier, Jean-François Stévenin...

Long-métrage Français

Durée : 01h36mn

Année de production : 2021

Distributeur : Le Pacte

Date de sortie sur nos écrans : 26 janvier 2022

Résumé : un vieux bistro parisien au charme éternel. Huit messieurs à table, huit grandes figures. Ils étaient les « rois de Paris »… Des trésors nationaux, des chefs-d'œuvre en péril. Un rituel bien rodé... Un sens de l’humour et de l’autodérision intacts. De la tendresse et de la cruauté. Huit vieux amis qui se détestent et qui s’aiment. Et soudain un intrus...

Bande-annonce (VF)

Ce que j'en ai pensé : le réalisateur Edouard Baer nous propose une pause au restaurant sous forme de conte aux contours cruels qui signe la fin d'une époque. On pourrait penser son ADIEU PARIS comme anecdotique, mais il brosse un portrait réaliste et crédible qui contient une humanité qui nous saisit dans ses bouffées pathétiques. Il semble nous parler d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître pour citer la célèbre chanson de Charles Aznavour. Et il pose ici la question de savoir si ce n'est pas tant mieux.

Son scénario, qu'il a co-écrit avec Marcia Romano, place des personnages, qui se confondent avec les acteurs (certains gardant leur prénom à l'écran), qui ont visiblement bien vécus une vie d'artiste qui les a servis et qui les a également définis. Ils se retrouvent dans un cadre qu'ils connaissent, pour un rendez-vous qui se veut amical et qu'ils ont régulièrement. Sauf que cette histoire signe le déclin et en cela, elle est non seulement très bien écrite, mais aussi très touchante.

Les dialogues nous font comprendre, à demi-mots, le passif et comment la situation en est arrive là à ce moment précis. On rit des excès et des travers de chaque personnage qui sont pensés pour représenter des personnalités différentes qui doivent affronter le regard des autres, paraître, tirer leur épingle du jeu, participer à des rituels peu reluisants pour faire partie du groupe et surtout gripper la mécanique de ses retrouvailles réservées à une élite qui ne se reconnaît qu'en elle-même, en vase clos. Les bons mots, souvent méchants, relancent en permanence l'intérêt de les écouter, même si les personnages ne se disent pourtant rien. La vacuité des échanges est omniprésente et en dit long sur la dynamique en place et sur la fin de cette ère du groupe de personnalités parisiennes célèbres qui faisait la pluie et le beau temps sur la scène artistique de la capitale. Les spectateurs sentent que le récit oscille entre critiques négatives d'une époque révolue et admiration de ces grandes personnalités du passé qui nient leurs faiblesses, tout en étant des caricatures des personnages qu'elles incarnent aux yeux de leurs 'amis'. C'est à la fois drôle et amer, d'autant qu'avec le temps qui passe, vient la vieillesse qui n'épargne personne.

Derrière la caméra, Edouard Baer choisit une quasi unité de lieu. Son cadre est une icône de Paris, puisqu'il s'agit d'une brasserie au décor chaleureux et tamisé, qui coupe des bruits de la rue et permet de se retrouver dans une atmosphère propice à refaire le monde autour d'un bon repas. Il filme fort bien l'ambiance d'un déjeuner où on entend des bribes de conversation, où on passe d'une discussion à l'autre, d'un moment à l'autre. Tout paraît naturel dans ses plans et dans la fluidité du montage, ce qui vient s'opposer au manque de vérité voulu dans les interactivités entre les protagonistes. Son film nous donne la sensation qu'on est au théâtre de la vie.

Il réunit un casting qui, quand on le découvre au fur et à mesure à l'écran, nous donne le sourire et qu'on a un vrai plaisir à voir. Il leur offre chacun leur tour, à des instants différents, le devant de la scène. Il leur permet d'exister tous ensemble dans leur individualité, sans que l'un prenne le pas sur l'autre. Les acteurs sont tous excellents en étant à la fois magnifiques, touchants et amusants, que ce soit Pierre Arditi, Jackie Berroyer, François Damiens, Bernard Murat, Bernard Le Coq, Gérard Daguerre, Benoît Poelvoorde, Daniel Prévost, Gérard Depardieu ou, bien sûr, Jean-François Stévenin qu'il est très émouvant de retrouver ici.

Bien que ce soit un film d'hommes, qui s'affiche comme tel dans sa thématique, les femmes ont un petit rôle, mais qui est révélateur. En effet, elles sont des soutiens pour tous ces gars qui en ont besoin. Quel plaisir de voir Isabelle Nanty, Léa Drucker, Ludivine Sagnier ou Julie Depardieu interpréter avec tendresse et justesse ces beaux portraits de femmes.

ADIEU PARIS nous invite à la table d'un très beau casting pour partager avec eux une tranche de vie amusante et implacable à la fois. On passe vraiment un bon moment et à la sortie, on a terriblement envie d'aller déguster un bon pot-au-feu à La Closerie des Lilas entre vrais potes, comme un pied de nez à ces personnages.

#AdieuParis