RETOUR SUR LES UTOPIALES 2022

LES UTOPIALES
FESTIVAL INTERNATIONAL DE SCIENCE-FICTION

Du 29 octobre au 1er novembre 2022 
à La Cité des Congrès de Nantes

Affiche de Marc-Antoine Mathieu

La 23ème édition des Utopiales de Nantes prend fin aujourd'hui. On en gardera des souvenirs de belles découvertes et d'échanges fructueux.




Le thème principal du festival, LIMITE(S), a été un fil conducteur constant dans l'approche des différentes activités, entre autre pendant la leçon du Président des Utopiales Roland Lehoucq qui a, traditionnellement, sonné l'ouverture des festivités.

La leçon du président : les stations spatiales (par Roland Lehoucq)

Teaser (source : site officiel du festival) : avant de coloniser de nouvelles planètes, l’humanité pourrait commencer par construire de vastes stations spatiales. Évoquée dès les débuts de l’astronautique, cette idée eut son heure de gloire au milieu des années 1970 pour, selon Gerard K. O’Neill, « résoudre les problèmes de la Terre ». La science-fiction s’est bien sûr emparée du thème de la station spatiale pour en faire un cadre ou un sujet. Si la question de créer des conditions favorables dans ces stations spatiales géantes est première, nous verrons comme les questions d’organisation sociale y sont tout aussi redoutables. Comment bâtir des stations spatiales ? Seront-elles capables de donner raison à Gerard K. O’Neill ?



Résumé de la leçon : cette année encore le président des Utopiales Roland Lehoucq nous a régalé d'une des leçons dont il a le secret et qui s'amusent à déconstruire des mythes pour mieux nous faire réfléchir aux enjeux qui les entourent. Cette fois, il nous a parler des stations spatiales ou autrement dit d'installation d'humains dans l'espace dans des artefacts. 



Il a commencé par citer '2001, l'Odyssée de l'espace' la référence cinématographique de science-fiction par excellence réalisée par Stanley Kubrick en 1968. Il a précisé que la station de Kubrick n'a pas la même échelle que la station internationale qui a 6 personnes à bord et qui a maintenant plus de 20 ans. Cette dernière va être remplacée par le Lunar Orbital Gateway.



Celle de 2001 est différente à l'intérieur aussi puisqu'il s'agit d'un hub pour aller ailleurs dans l'univers alors que la station internationale est la fin du voyage.
Il a ensuite expliqué que l'astronaute Samantha Cristoforetti s'est amusée à recréer une scène célèbre de 2001 tant le film a eu un impact.



Il a ensuite enchaîné sur le fait que l'idée des stations vient de loin avec des pionniers notamment de Constantin Tsiolkovski qui a imaginé vivre dans l'espace et le voyait déjà comme une expansion de l'humanité vers l'espace. Sa station était représentée en forme de larme, avec des plantes à l'intérieur pour la nourriture. 


Est venue ensuite l'architecture spatiale par Potočnik qui avait imaginé en 1928 une machine thermique qui récupère de l'électricité. Il s'agissait d'un dessin d'ingénieur avec des propositions techniques. Frank Paul avait pour sa part mis en scène des personnages qui observent une station depuis une autre station.


Il y a eu aussi l'éditorial Stations in space dans laquelle Gernsbak cite Oberth qui pensait observer la terre. Il imaginait communiquer par signaux lumineux morse, s'intéresser à la météorologie et regarder aussi l'espace.


La sphère de Bernal s'interroge sur les conséquences des évolutions techniques sur l'humanité dans les années 20.


Dans les années 50, on va pouvoir voyager dans l'espace et cela change la perspective sur le sujet. Dans la revue Collier's, il y a une série sur comment on pourrait vivre dans l'espace. Il y a eu aussi l'idee des baby space stations avec des singes qui restent dans la station.


Von Braun's space station est une roue orbitale qui utiliserait l'énergie nucléaire pour alimenter la station. Pour lui, c'est un hub comme dans 2001 et donc un lieu de repos et un lieu de départ vers d'autres destinations. On la retrouve cette station dans le film Conquest Of Space.





Ingénieur de Goodyear, Romick a pensé récupérer des éléments laissés dans l'espace pour construire une immense station spatiale de 1km de long par assemblage. Il y avait là une idée de réutilisation.


Roland Lehoucq a ensuite abordé la gravité artificielle avec un extrait de 2001 dans lequel le personnage se ballade sur le mur.


Dans les tests effectués dans les années 60, il fallait tenir l'homme avec un câble.
Le projet Nautilus incluait une roue en rotation pour permettre aux astronautes d'avoir quelques heures par jour en gravité artificielle pour limiter les impacts du voyage dans l'espace sur le corps humain.



Dans les années 60 toujours, il y a eu le projet du station-vaisseau basé sur un astéroïde en le creusant. Il aurait fait 32 km de long et 16 km de diamètre pour pouvoir vivre dedans pour des voyages de très longue durée. Il faudrait des moyens importants pour fabriquer cela.


L'idée du cylindre astéroïde de 50 km de long, qui rentre dans le système solaire et repart, a été utilisé dans Rama.


Dans les années 70, il y a eu le cylindre de O'Neill, un professeur qui a publié un article sur des structures cylindriques tellement grandes qu'il y avait des nuages dedans. Elles devaient pouvoir contenir plusieurs millions de gens. O'Neill pensait à la colonisation pour résoudre les problèmes de la Terre, notamment avec les craintes autour de l'augmentation de la population mondiale.



Il y a eu l'émergence du Techno-solutionnisme pour trouver des solutions grâce à la technique. On a ensuite vu un space art commandé par la Nasa qui met en scène d'immenses structures. A l'intérieur, il y a la terre comme on voudrait qu'elle soit, car on commençait déjà à l'abîmer.



Roland Lehoucq a alors poser la question de la viabilité de l'écosystème intérieur, comment le faire vivre dans un système fermé ? Il a conseillé de regarder le documentaire The High Frontier pour compléter le sujet.



Il a ensuite abordé le sujet : où placer les colonies ? Il y a eu des études utilisant la gravitation terre, celle de la lune et la force centrifuge.


Il a cité la station Cooper dans le film Interstellar, réalisé par Christopher Nolan et datant de 2014, avec des champs de mais qui nécessitent beaucoup d'eau, ce qui n'est pas crédible. D'un trait d'humour, Roland Lehoucq a signalé qu'il trouvait dommage que les personnages jouent au base-ball au lieu de regarder Saturne par le hublot.


Il a ensuite continué sur le Tore imaginé à Stanford qui était une roue de bicyclette avec un miroir qui renvoyait la lumière. Ils vendaient du rêve.



Dans le film Elysium, réalisé par Neill Blomkamp en 2013, la terre est cassée et la station proposée est très belle, magnifique et pour les privilégiés.


En 1985, Carl Sagan propose des maisons de retraite en orbite. On se demande à ce moment là quelle société pourrait aller dans l'espace.


En 2006, il y a eu le projet Kalpana One station qui était un cylindre en rotation.


En 2011, la station Apogeios était une vision d'une station plus légère qui visait l'optimisation des masses.


Roland Lehoucq nous a conseillé deux livre à lire sur ce sujet.


Pour finir cette leçon, il a évoqué le thème des Utopiales : Limites, en rappelant que notre planète est finie avec des ressources finies, et à donc poser la question de savoir si ça vaut le coup de faire ces projets.

Il a ensuite rappelé que les stations commerciales ne proposent pas d'idées très originales. Le Bottle Suit en 1954 proposait déjà des solutions pour sortir dans l'espace.



Il a aussi appelé à réfléchir aux dangers du long termism, ou altruisme efficace, poussé par des gens comme Jeff Bezos, qui prétend investir son argent sur des projets efficaces pour sauver des vies, mais il est plus insidieux, car il part du postulat de menaces existentielles sur l'humanité (astéroïdes) pour faire peur. Face à ces menaces, il faut prendre des mesures et partir dans des colonies qu'il faut financer (comme un plan B), mais cela sera réservé à des milliardaires.


Roland Lehoucq nous a donc invité à se poser les bonnes questions face à ce genre de projets et à utiliser la science-fiction pour réfléchir sur notre monde.

LES PRIX UTOPIALES

Le festival a décerné ses prix le 31 octobre.


HOMMAGE À RINTARŌ

Cette année, les Utopiales ont rendu hommage à Rintarō (créateur de la série culte Albator) au travers de plusieurs évènements qui lui était consacré. Les spectateurs ont eu l'occasion, entre autre, de le voir à la projection en 4K du film Galaxy Express 999 et à la soirée cinéma qui lui était consacrée. 


Rintarō a introduit ces deux évènements avec une belle énergie. Retrouvez ces deux moments dans la vidéo ci-dessous.

O



















Copyright photos © Epixod

Une exposition, intitulée 'Dans les coulisses du Maître : Rintarō' lui était également dédiée. Elle permettait de découvrir des dessins orignaux, des scénarios et des travaux personnels de Rintarō.

















































Copyright photos © Epixod

LES EXPOSITONS

Une grand exposition était consacrée à Marc-Antoine Mathieu, le créateur de l'affiche du festival pour cette édition. Elle s'intitulait Dédales. Dans son installation comme dans les œuvres affichées, le visiteur ressentait le jeu de l'auteur avec les notions d'espace et de limites. Elle donnait très envie de découvrir ses bandes dessinées.





























































Copyright photos © Epixod

Une autre exposition intitulée 'Scénariser sans limite' était consacrée à Valérie Mangin. Elle nous permettait de suivre le parallèle entre le scénario de bande dessinée et l'application dans les dessins sur plusieurs projets sur lesquels Valérie Mangin a travaillé.


































Copyright photos © Epixod

L'ESPACE JEU

L'espace jeu permettait de faire des parties de jeu de plateau et de découvrir les très jolies figurines de l'association 'Les Chevaliers du Centaure'.














Copyright photos © Epixod

LA LIBRAIRIE

La librairie des Utopiales propose des tas (littéralement) de livres depuis le format poche jusqu'au beau livre à conserver dans sa bibliothèque. C'est un bonheur de s'y plonger, mais les tentations sont grandes, il faut savoir se fixer des limites pour ne pas faire de folies en terme d'achats !













Copyright photos © Epixod

LA BOUTIQUE DU FESTIVAL

Elle permet de se rapporter un souvenir logotypé aux couleurs du festival.



Copyright photos © Epixod

LA PROGRAMMATION CINÉMA

La programmation cinéma du festival était l'occasion de découvrir des films très sympas.





Un grand merci aux organisateurs pour cette belle édition, aux intervenants qui viennent partager leur savoir et aux bénévoles pour leur accueil. En route pour l'édition 2023 !

#Utopiales2022