JOYLAND


Drame/Une belle histoire et une superbe réalisation, un film touchant

Réalisé par Saim Sadiq
Avec Rasti Farooq, Sarwat Gilani, Ali Junejo, Sania Saeed, Sohail Sameer, Alina Khan, Salmaan Peerzada, Sana Jafri...

Long-métrage Pakistanais
Durée : 02h06mn
Année de production : 2022
Distributeur : Condor Distribution

Date de sortie sur nos écrans : 28 décembre 2022

PRIX DU JURY UN CERTAIN REGARD - CANNES 2022
QUEER PALM - CANNES 2022


Résumé : à Lahore, Haider et son épouse, cohabitent avec la famille de son frère au grand complet. Dans cette maison où chacun vit sous le regard des autres, Haider est prié de trouver un emploi et de devenir père. Le jour où il déniche un petit boulot dans un cabaret, il tombe sous le charme de Biba, danseuse sensuelle et magnétique. Alors que des sentiments naissent, Haider se retrouve écartelé entre les injonctions qui pèsent sur lui et l’irrésistible appel de la liberté.

Bande-annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai penséJOYLAND dépeint une belle histoire écrite et remarquablement réalisée par Saim Sadiq. En tant que scénariste, il commence par poser un contexte sociétal, celui du Pakistan, sur les relations hommes/femmes, puis introduit de façon délicate les personnages au travers de leurs relations en famille ou au travail. Il tisse alors un drame qui décrit les émotions traversées par ses protagonistes et qui les mènent vers une destinée qui aurait pu être autre dans un cadre différent. 

Derrière la caméra, il adopte le format 4:3 qui donne la sensation d'être présent auprès des personnages. Il ajoute à cela une proximité de sa caméra vis-à-vis des protagonistes. Il place ainsi les spectateurs comme des observateurs impliqués face aux dialogues qui construisent une intrigue incluant des enjeux et des pressions. Il aborde de nombreux thèmes qui vont du désespoir à l'incompréhension du désir de l'autre en passant par l'impossibilité d'exister en tant qu'individu sans subir des jugements sociétaux qu'il faut pouvoir assumer dans une société hautement patriarcale. Il nous offre de très beaux plans et crée avec des jeux d'ombre et de lumière une grande force intimiste. Ses décors sont en adéquation avec la narration et la servent pour renforcer l'impact des émotions. Dans les moments liés au spectacle, il insuffle de l'humour et de l'énergie qui viennent équilibrer les aspects dramatiques. 

Il est très précis dans sa narration. On comprend à tout moment l'état d'esprit des protagonistes et comment leurs décisions et leur entourage influent sur leur vie. Les acteurs sont de formidables vaisseaux de la sensibilité de ce récit. Ali Junejo interprète Haider, un homme au fond très doux, mais qui, par faute de ne pouvoir être lui-même, finit par blesser ceux qu'il aime. Alina Khan interprète Biba, une femme trans. Ce personnage a choisi la liberté d'être et se défie du poids sociétal en affrontant avec aplomb, les affronts des gens qu'elle croise. Rasti Farooq est touchante dans le rôle de Mumtaz, l'épouse d'Haider, qui se sent prise au piège et qui ne peux obtenir ce qu'elle attend en tant que femme. L'ensemble des seconds rôles sont à la fois très crédibles dans leur statut au sein de la famille d'Haider ou dans l'entourage proche. Ils représentent un engrenage clair et défini dans le déroulement des événements.

JOYLAND est une histoire familiale, un portrait sociétal et une chronique sur l'amour versus le mal-être qu'il peut engendrer quand l'attente est en décalage par rapport à ce qui est transmis. Sa grande sensibilité et son aspect dramatique vont droit au cœur des spectateurs. C'est une découverte très touchante. La précision de la réalisation étonne positivement.





Copyright photos © Condor Distribution

 
#Joyland