NAVIGATORS


Documentaire/Une œuvre étonnante et originale

Réalisé par Noah Teichner

Long-métrage Français
Durée : 01h25mn
Année de production : 2023
Distributeur : Perspective Films

Date de sortie sur nos écrans : 19 juillet 2023


Résumé : Décembre 1919. Le gouvernement des États- Unis expulse 249 anarchistes et révolutionnaires sur « l’Arche soviétique ». Quelques années plus tard, ce même paquebot devient le décor de La Croisière du Navigator, une comédie burlesque de Buster Keaton.

Ce que j'en ai penséNAVIGATORS est un documentaire réalisé par Noah Teichner. C'est une œuvre aussi singulière que prenante. Il raconte une page de l'Histoire en faisant un focus sur le vécu de quelques participants dans un groupe. Il nous accroche ainsi avec la petite histoire dans la grande. Il reprend le récit des 249 anarchistes et révolutionnaires qui ont voyagé sur « l’Arche soviétique » suite à leur expulsion par le gouvernement des États-Unis à la fin de l'année 1919.

La forme que le réalisateur octroie à sa narration est vraiment surprenante. Elle décontenance même le spectateur avant de l'embarquer dans son modèle étonnant. En effet, il utilise très peu la narration orale. Afin d'alimenter un récit divisé en chapitres de livre, il nous fait lire des extraits et des citations sur un écran coupé en deux la plupart du temps. D'un côté, il partage des images d'archives, de l'autre des extraits, entre autres, du film LA CROISIÈRE DU NAVIGATOR, une comédie burlesque de Buster Keaton que ce dernier avait réalisé en 1924 sur le même paquebot que celui qui avait transporté les anarchistes. Ces deux histoires, à part le bateau lui-même, sont décorrélées et pourtant, Noah Teichner sait parfaitement illustrer les dires des voyageurs de « l’Arche soviétique » avec des extraits des films de Keaton qui semblent mettre en images de façon amusante un périple qui ne l'était pas dans la réalité. Il oppose donc ainsi sans cesse le sérieux des faits historiques et l'humour des situations mises en scène par Buster Keaton. Une place très importante est attribuée à la musique dans ce documentaire quasi-muet. Les sonorités ralenties, enregistrées à partir de vinyles, forment un support parfaitement adapté aux images anciennes qui nous sont projetées, car les craquements des disques sur la platine participent à nous plonger dans l'époque dépeinte. De plus, la musique vient, elle aussi, alléger des propos qui relatent en grande partie une souffrance. Au fur et à mesure qu'on s'installe dans le rythme du film, notre curiosité grandit et on veut comprendre comment cette aventure se termine.

Comme le réalisateur nous fait une proposition factuelle basée sur des archives existantes, il laisse le spectateur libre de se faire son opinion sur cette affaire. Ce qui est sûr, c'est qu'il nous fait vivre une expérience unique, parfois sensorielle, intellectuelle aussi, qui, pour sûr, ravira les férus d'Histoire et saura tenter les esprits curieux en quête de projection cinématographique hors des sentiers battus.





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