CLUB ZERO


Drame/Thriller/Un film à la réalisation au style marquant qui aborde des sujets difficiles

Réalisé par Jessica Hausner
Avec Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Elsa Zylberstein, Mathieu Demy, Amir El-Masry, Camilla Rutherford, Amanda Lawrence, Sam Hoare...

Nationalités : Autriche, Royaume-Uni, Allemagne, France, Danemark, Qatar
Durée : 01h50mn
Année de production : 2023
Distributeur : Bac Films

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Date de sortie sur nos écrans : 27 septembre 2023


Résumé : Miss Novak rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.

Bande-annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : la réalisatrice Jessica Hausner nous propose une certaine vision de l'enfer avec CLUB ZERO. Il s'agit à la fois d'un enfer vécu par les protagonistes et également de celui vécu par ceux qui les entourent et les aiment.

Elle est l'auteur du scénario avec Géraldine Bajard dans lequel elles dénoncent un manquement parental par rapport à l'implication dans l'éducation des enfants, elles abordent une thématique ainsi que la mécanique d'un enrôlement sectaire et mettent en avant de façon jusqu'au-boutiste les maladies liées aux troubles alimentaires. Sur ce dernier point, le film peut s'avérer difficile pour les personnes souffrant de ses troubles ou pour leurs proches. Leur récit se déroule telle une démonstration qui s'enroule autour du cou des personnages et dans laquelle assez peu d'émotions percent. D'ailleurs, celles-ci paraissent presque décalées lorsqu'elles surgissent, tant les protagonistes font preuve d'une forme de léthargie dans leur vie, comme un endormissement dû à l'ennui ou à une forme de capitulation laissant la porte ouverte à toutes sortes de chants de sirènes maléfiques. L'histoire est bien pensée, car elle expose un contexte, montre l'embrigadement, les manquements des adultes et les influences de la vie en groupe des adolescents. Son seul défaut est d'être redondante sur certaines parties créant un effet de longueur vers le milieu du film. 

La mise en scène de Jessica Hausner est intrigante, car elle utilise énormément la géométrie pour consolider le message autour des corps anguleux. En effet, les rectangles et carrés sont omniprésents dans ses scènes renforçant la sensation d'effacement des rondeurs. Seuls les rares personnages un peu sensés dans cette narration s'affichent avec des éléments ronds dans leurs tenues, comme pour montrer qu'il existe une porte de sortie que les victimes s'entêtent à ne pas prendre. La réalisatrice insuffle un ton monotone à ses protagonistes qui ne sortent que très rarement de leurs gonds. Les acteurs jouent sur une gamme douce qui s'oppose à la dureté des situations que leurs personnages traversent. Jessica Hausner nous montre que le bateau coule, mais n'offre pas de canots de sauvetage à ses personnages. La musique de son film composée par Markus Binder, à base principalement de percussions, vient accentuer la sensation qu'un étouffement se met en place à l'écran. La réalisatrice cherche à mettre en avant une forme d'universalité en ne fixant ni clairement l'époque de son récit (certains éléments et l'utilisation des codes couleurs laissent à penser que l'histoire se déroule dans les années 70, mais ce n'est pas toujours évident, à cause de certains objets ou décors), ni le lieu (le film pourrait être tournée en Suède, en Autriche, ou ailleurs). 

Elle utilise aussi à bon escient un casting international qui fonctionne parfaitement dans le cadre fermé proposé dans ce récit. Mia Wasikowska interprète une Miss Novak aussi diaboliquement persuasive sous ses apparences avenantes que la fragile face à l'écrasement de ses propres croyances. Sidse Babett Knudsen est impeccable dans le rôle de Madame Dorset, une femme prise entre ses responsabilités professionnelles et le poids des volontés parentales. Elsa Zylberstein et Mathieu Demy interprètent un couple de parents complètement dépassé face au comportement de leur fille Elsa. Les adolescents qui interprètent les jeunes aux prises avec une manipulation qui vient s'engouffrer dans les failles de leur vie sont vraiment très convaincants.

CLUB ZERO n'est pas un film facile, car il aborde des sujets durs sous une forme qui paraît au premier abord presque ne pas s'en soucier, mais qui laisse une sensation d'amertume dans l'esprit des spectateurs tant il reflète de réelles possibilités angoissantes pour des parents. Il ne laisse, en tout cas, pas indifférent que ce soit par son sujet ou son style particulier.





Copyright photos ® coop99 _ Coproduction Office

Copyright affiches ® Bac Films

 
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