MON NOM EST PERSONNE


Western/Un film culte, orignal, très bien écrit et interprété à (re)découvrir !

Réalisé par Tonino Valerii
Avec Terence Hill, Henry Fonda, Jean Martin, Antonio Palombi, Geoffrey Lewis, R. G. Armstrong, Karl Braun, Leo Gordon, Steve Kanaly, Mark Mazza...

Long-métrage Allemand/Français/Italien
Titre original : Il Mio Nome È Nessuno
Durée : 01h56mn
Année de production : 1973
Distributeur : Lost Films

Date de ressortie sur nos écrans : 20 décembre 2023
En version restaurée 4K par l'Immagine Ritrovata de Bologne


Résumé : un jeune aventurier "Personne" (Terence Hill) croise sur sa route une figure mythique de l'Ouest : Jack Beauregard (Henry Fonda) alors que "La Horde sauvage", une bande de 150 tueurs fait régner la terreur à travers plusieurs Etats...

Bande-annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : est-ce le regard bleu électrique plein de malice de Terence Hill, le charisme plus grand que nature d'Henry Fonda, l'incroyable musique d'Ennio Morricone qui rendent MON NOM EST PERSONNE unique ? Il y a sûrement de tout cela, mais pas seulement. Il y a aussi la volonté de ce film d'être un classique qui refuse de l'être de toutes ses forces. MON NOM EST PERSONNE est un western qui ne puise pas son énergie dans la pure veine des habitudes du genre, car il oscille entre sérieux et comédie, ce qui lui octroie une personnalité vraiment à part d'autant que l'association des deux fonctionne parfaitement. 

Le scénario écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi est un véritable hommage aux westerns. Il construit avec intelligence une narration autour de la passation de flambeau d'une génération à l'autre. Même s'il inclut des moments de comédie, c'est la nostalgie qui ressort comme l'émotion principale que ce récit fait ressentir aux spectateurs. De ce point de vue, l'écriture est très créative et réussit vraiment à faire le lien entre la jeunesse et la vieille garde, entre les nouvelles méthodes et les anciennes visions ainsi qu'à transmettre une forme de continuité sur la construction des légendes et à prouver comment elles font partie de l'image de l'Ouest américain. 

Les deux personnages principaux sont l'écho permanent de ce message : d'un côté « Personne », personnage énigmatique, talentueux et joueur brillamment interprété par un Terence Hill ultra à l'aise avec un travail d'expressions qui ne passent pas par la parole, de l'autre Jack Beauregard, cowboy old school, dont le seul nom fait trembler tous ceux qui le croisent, interprété avec une très grande justesse par Henry Fonda. Les scénaristes font un excellent travail pour incorporer les jeux de dupes autour de cette notion de 'personne' à de multiples reprises dans l'histoire afin de construire l'aura des protagonistes et de les rendre interdépendants. 

À la réalisation, Tonino Valerii sait construire son film pour le rendre suffisamment solide en tant que western afin que les parties amusantes viennent s'y intégrer sans pour autant le faire basculer dans un autre genre. Ses décors respirent le vent ensablé des grandes étendues de l'Ouest américain. L'atmosphère craintive des petites villes avec leur saloon comme épicentre de l'activité sociale est palpable face aux brigands et aux gros durs en tous genres qui jouent de la gâchette comme seul moyen d'existence (ce qui a en général pour effet ironique d'abréger cette dernière). Sur les parties plus comiques, il fait preuve d'imagination pour nous offrir des scènes aussi surprenantes que rythmées qui sont marquantes dans ce paysage cinématographique spécifique parce qu'inattendues et vraiment originales. 

La musique d'Ennio Morricone est tout simplement formidable dans toutes ses compositions pour accompagner comme il se doit chaque moment où elle intervient, mais il faut souligner l'incroyable thème de Personne qui nous transmet les humeurs de ce personnage, l'identifie instantanément, participe à sa construction légendaire et qui reste en tête bien après que le film se soit terminé, comme un cadeau fait au spectateur ravi de le recevoir.

MON NOM EST PERSONNE est un film culte pour les spectateurs qui l'ont connu dans leur jeunesse. Il est aussi un peu le chant du cygne d'un genre qui effectuait une transition dans une autre direction à l'époque. Il transmet une nostalgie qui nous va droit au cœur. On aime sa musique, sa mise en scène, ses personnages. Ce film ressort le 20 décembre dans nos salles de cinéma dans une version restaurée 4K par l'Immagine Ritrovata de Bologne. C'est l'occasion de le (re)découvrir en italien sous-titré anglais et surtout sur grand écran, juste pour le plaisir.







Copyright photos ® Lost Films

Copyright photo ® Epixod - Cinéma Mac-Mahon, Paris

NOTES DE PRODUCTION
(Source : Lost Films)

AUTOUR DU FILM

Au début des années 70, constatant avec dépit que le médiocre western parodique italien On l’appelle Trinita remportait plus de succès que ses propres films, Sergio Leone décide de contre-attaquer : il imagine et produit un western comique qui propulse Terence Hill, le guignol bellâtre qui fait rigoler la péninsule, dans les jambes d’Henry Fonda, rescapé d’Il était une fois dans l’ouest. Ce sera Mon nom est « Personne » (Il mio nome è Nessuno 1973). 

La rencontre du bouffon et de la légende vivante, prétexte à une réflexion mélancolique sur la filiation, la vieillesse et la fin d’une époque, fonctionne à la perfection, contre toute attente, et la recette commerciale n’est pas dépourvue d’ambition et de talent. Ce titre éminemment populaire, énorme succès public en son temps, cache un très beau film. Il s’agit d’un post-scriptum à la fois ironique et émouvant à l’œuvre cinématographique de Leone, et aussi un adieu au western en général grâce à la magnifique présence de Fonda. 

Le film est co-écrit par les scénaristes Vincenzoni et Donati, collaborateurs réguliers de Leone. Le cinéaste Tonino Valerii, auteur de quelques honorables westerns et films bis n’a jamais fait mieux avant et après Mon nom est « Personne » ce qui alimenta la rumeur que Leone en était davantage que le producteur. Il est vrai que le style visuel du film est très léonien, sans parler de la musique géniale d’Ennio Morricone. 

Valerii, longtemps dépossédé de son film par l’omnipotent Leone qui tourna en effets quelques scènes mais pas plus, trouva il y a quelques années - dans les bonus de l'édition vidéo - une sorte de revanche en pouvant enfin s’expliquer longuement sur la genèse et la réalisation du film et apporter « sa » version des faits. 

Olivier Père (Arte) – septembre 2012

AUTOUR DE LA MUSIQUE

Après avoir composé à cinq reprises pour le réalisateur Sergio Leone, (La trilogie du dollar, connu le succès mondial avec Il était une fois dans l'Ouest et juste après Il était une fois la révolution) Ennio Morricone à partir de 1972 et avec Mon nom est Personne va collaborer à toutes les productions de son alter ego avant de retrouver une dernière fois, Leone comme réalisateur pour II était une fois en Amérique

La musique comme le film est pleine d'humour et de références. Le thème de Jack (Bonne Chance, Jack - piste 2 de la bande originale) inclut une brève citation de My way (Comme d'habitude). Pour le thème musical de "La Horde sauvage" (L'Amas sauvage – piste 3) Morricone s'auto-parodie et inclut une citation de La Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner, jouée au klaxon. Et pour My fault (Si tu es quelqu'un c'est ma faute - piste 4) il emprunte même le début du thème de l'homme à l'harmonica d'Il était une fois dans l'Ouest

Toujours éclectique et prolifique, entre 1972 et 1973, le Maestro va écrire la musique de plus d'une trentaine de films, comme L'Attentat d'Yves Boisset, Qu'avez-vous fait à Solange ? de Massimo Dallamanni, Le Serpent d'Henri Verneuil, La propriété c'est plus le vol d'Elio Petri ou Allonsanfan de Paolo et Vittorio Taviani, pour ne citer qu'eux...

 
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