ACCIDENT DOMESTIQUE


Comédie/Thriller/Horreur/Un film qui fait rire par le malaise, étonnant et réussi, mais à éviter si vous êtes sensible

Réalisé par Caye Casas
Avec Estefanía de los Santos, David Pareja, Claudia Riera, Josep Maria Riera, Eduardo Antuña, Gala Flores, Itziar Castro, Cristina Dilla...

Long-métrage Espagnol
Durée : 01h29mn
Année de production : 2023
Distributeur : ESC Films

Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Date de sortie sur nos écrans : 14 mai 2025


Résumé : Maria et Jesus, jeunes parents mais déjà un peu vieux couple, décident d’acheter une table basse. Jusqu’ici rien d’anormal. Pourtant, lors de la périlleuse phase de montage de la table, une simple vis manquante transformera bientôt leur existence en un véritable enfer.

Bande-annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : le réalisateur Caye Casas nous propose une comédie très noire avec ACCIDENT DOMESTIQUE

Attention, âmes tendres s'abstenir, car, en collaboration avec Cristina Borobia, il a écrit ce récit qui horrifie moins par ce qu'il montre vraiment que par la situation effroyable dans laquelle ils installent leurs protagonistes principaux. Les scénaristes réussissent un coup de force en construisant un insupportable malaise dans un quotidien tout ce qu'il y a de banal. Ils jouent ainsi sur une situation qui fait rigoler le spectateur, non pas parce qu'il trouve la situation drôle dans les faits (ce serait difficilement le cas), mais parce que l'intensité du secret est telle qu'il provoque le rire comme pour chasser le mal-être qui s'installe entre le couple victime et la salle qui assiste impuissante, premièrement, à l'accident monstrueux et, deuxièmement, à la lente descente vers l'enfer de deux individus pris dans une spirale dont on sait qu'elle est insoluble et irréparable. Caye Casas et Cristina Borobia jouent merveilleusement avec les situations mettant à la torture le personnage qui connaît la situation et qui ne peut accepter ni la réalité des faits, ni les conséquences d'une minute de sa vie destructrice à jamais.

Derrière la caméra, Caye Casas sait manier le non-dit avec brio. Il choisit ses hors-champs de manière opportune, car il sait pertinemment que notre imagination sera plus féroce qu'une image pour nous faire ressentir la terrifiante émotion qui accompagne son accident domestique. Il utilise les espaces d'un appartement avec habileté pour nous le rendre presque claustrophobique tant la menace de la révélation pèse à chaque instant, à chaque tournant, dans chaque pièce, parce que l'indicible est là, tapi, prêt à surgir pour faire son office. La normalité est son déclencheur pour montrer à quel point le cauchemar éveillé vécu par un des protagonistes qui tente, dans une démarche complètement illusoire, d'en isoler les autres, est un supplice. Le réalisateur est jusqu'au-boutiste dans sa démarche et assume complètement l'impact émotionnel qu'il provoque chez ceux qui décident de regarder son film. Seul le faux rythme qu'il met en place et qui donne une légère sensation de longueur est un petit défaut dans la réussite que représente ce long-métrage par rapport à ce qu'il souhaitait accomplir.

Ses acteurs, et notamment ses deux acteurs principaux, sont impeccables pour nous transmettre d'un côté le stress d'une situation de crise personnelle extrême sans échappatoire et de l'autre une vie quotidienne qui, irrémédiablement, prend le chemin de l'agonie. Estefanía de los Santos est très juste dans le rôle de María, une femme fatiguée qui doit assumer sa maternité et toutes les tâches du ménage. David Pareja est excellent dans celui de Jesús, un père qui sait que l'implosion de toute sa vie est proche et qui tente désespérément d'empêcher les fils d'un destin cruel de s'enrouler autour de lui.

ACCIDENT DOMESTIQUE rend le malaise si palpable qu'il provoque une réaction chez les spectateurs qui l'amplifie encore plus. C'est un film qui marque l'esprit par la teneur horrifique de son histoire, bien sûr, et aussi parce qu'on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'on ferait dans une situation similaire, tout en espérant vraiment ne jamais y être confronté.




Copyright photos ©ESC Films

Film découvert pendant 
la 41ème édition du BIFFF
Gagnant de la compétition White Raven


 
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