EDDINGTON


Comédie/Thriller/Western/Un film singulier, qui a des longueurs, mais une vraie personnalité

Réalisé par Ari Aster
Avec Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone, Austin Butler, Luke Grimes, Deirdre O'Connell, Micheal Ward, Amélie Hoeferle...

Long-métrage Américain
Durée : 02h25mn
Année de production : 2024
Distributeur : Metropolitan FilmExport

Date de sortie sur nos écrans : 16 juillet 2025


Résumé : Mai 2020 à Eddington, petite ville du Nouveau Mexique, la confrontation entre le shérif et le maire met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres.

Bande-annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : il ne fait aucun doute qu'EDDINGTON est un film réalisé par Ari Aster. On reconnaît immédiatement ses approches visuelles et narratives. 

Il est également l'auteur du scénario. Son récit est une critique ouverte de la société américaine qui illustre un lent pourrissement des situations opposant les communautés, les avis, les idées et menant à une confusion laissant le champ libre aux complotistes et aux sectes. Il fait une démonstration de l'exacerbation des haines et des doutes permanents. Son action se situe au Nouveau-Mexique ce qui lui permet d'installer son film dans une atmosphère de western contemporain dans lequel les caméras des téléphones et les réseaux sociaux sont utilisés comme des armes. Il offre aussi une place importante aux armes à feu qui s'inscrivent dans une désolante vision de la solution par l'élimination meurtrière. Dans sa narration, il enclenche tout un mécanisme fait de dizaines d'engrenages menant irrémédiablement vers une dérive sanglante. Sa méthode, pour faire évoluer la narration, est étonnante, car très linéaire. Il insuffle très peu de rythme, le fait par à-coups et surtout sur la fin de son film. La lenteur de son exposition contextuelle risque de décontenancer les spectateurs allergiques aux films bavards. En effet, il écrit beaucoup d'échanges entre ses protagonistes, parfois décalés, qui donnent une perspective sur leurs personnalités et leur tournure d'esprit. Il n'est cependant pas forcément évident, au-delà des grands thèmes abordés, de comprendre où il veut en venir dans le jusqu'au-boutisme de son propos.

Sa réalisation est impeccable, elle est très maîtrisée. Il emploie beaucoup de petits plans séquences qui nous font rentrer dans les scènes et rendent les atmosphères palpables. Sa mise en scène est créative et variée. Ari Aster excelle pour amener les changements de ton entre les scènes sans vraiment nous y préparer, créant des éléments de surprise et d'horreur soudains. Il y a un vrai travail de coordination entre les décors des chefs décorateurs Elliott Hostetter et Adam Willis et les costumes de la cheffe costumière Stacy Caballero. Ils donnent, dans leur ensemble, une vibration très seventies à toute l'atmosphère du film, alors qu'il se déroule sans aucun doute à notre époque du fait de l'omniprésence de la technologie. Ce décalage participe à offrir à ce long-métrage une personnalité singulière. La musique est omniprésente et nous fait ressentir la montée en tension qui s'étend pendant tout le film.

Joaquin Phoenix est excellent dans le rôle du shérif Joe Cross. Il sait montrer toutes les nuances de ce portrait d'homme pathétique dont le déraillement moral est en permanence prêt à éclore. Le casting est impeccable. Les rôles autour du personnage du Shérif sont autant de petits détonateurs qui viennent alimenter le déclin de ce dernier que ce soit le maire Ted Garcia interprété par Pedro Pascal, la femme de Joe, Louise, jouée par Emma Stone, le gourou Vernon Jefferson Peak interprété par Austin Butler ou encore les adjoints du Shérif, Guy et Michael, interprétés par Luke Grimes et Micheal Ward.

EDDINGTON ne sera pas du goût de tout le monde du fait de ses longueurs et du traitement âpre de ses sujets. Cependant, sa réalisation est remarquable et c'est un film qui a une vraie personnalité. Il s'adresse sans doute plutôt aux amateurs de genre et aux cinéphiles qui y trouveront une expérience hors des sentiers battus.







Copyright photos © Metropolitan FilmExport

 
#Eddington